Responsable :
Guillaume Grzych – CHU Lille – SFBC
Membres :
Agnès Boullier – CHU Amiens – SFBC
Isabelle Redonnet – CHU Bordeaux – SFBC
Apolline Imbard – AP-HP-Paris – SFBC
François Parant – HCL-Lyon – SFBC
Justine Blin – CHU Nantes – SFBC
Etienne Mondesart – CHU Montpellier – SFBC
Stéphanie Badiou – CHU Montpellier – SFBC
Thierry Dupré – AP-HP Paris- SFVB
Damien Denimal – CHU Dijon – SFVB
Isabelle Kim – CHU Lille – SFVB/SFBC
Emeline Gernez – CHU Lille – SFBC/FNSIPBM
Anthony Chauvin – AP-HP Paris – SFMU
Remy Diesnis – CH Roubaix – SFMU
Nicolas Fabresse – APHM Marseille – SFTA
Mickael Bonnan – Saint Denis – FFN
Jean Paul Niguet – GHICL – FFN
Contexte :
L’usage récréatif du protoxyde d’azote (N2O) a augmenté de façon exponentielle ces derniers temps et entraîne des troubles neurologiques, notamment une sclérose combinée de la moelle. Un rapport récent de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (EMCDDA) a montré que l’utilisation récréative du N2O est une préoccupation croissante et majeure en Europe.
Pour la surveillance biologique, les dosages de N2O dans le sérum ou l’urine ne sont pas réalisés en routine car ils ne permettent pas de s’assurer d’une exposition réelle en raison de la très courte demi-vie de ce gaz dans l’organisme. La littérature établit un lien entre la symptomatologie clinique de l’intoxication au N2O et l’inactivation de la vitamine B12. Cependant, le dosage isolé de la vitamine B12 dans le sérum ne semble pas être un marqueur approprié pour évaluer l’intoxication par N2O car il n’est ni sensible ni spécifique. Les troubles fonctionnels du métabolisme de la vitamine B12, caractéristiques de l’intoxication par N2O, pourraient être explorés par deux marqueurs plasmatiques : l’homocystéine et l’acide méthylmalonique (MMA). En effet, la vitamine B12 est le cofacteur de deux enzymes : la méthionine synthase utilisant la méthylcobalamine et la méthyl-malonyl-CoA mutase (MMA-CoA-mutase) utilisant l’adénosylcobalamine. L’oxydation de la cobalamine par le N2O diminue la formation de méthylcobalamine à partir de la cobalamine, ce qui entraîne une diminution de l’activité de la méthionine synthase, qui ne peut pas transformer l’homocystéine en méthionine (composant de la myéline). Un effet similaire sur la MMA-CoA-mutase a également été suspecté, via l’impact sur une autre enzyme dépendante de la vitamine B12, qui transforme l’acide méthylmalonique (MMA) en succinyl-CoA, mais cet effet reste incertain. La littérature rapporte une augmentation inconstante du MMA en cas de consommation de N2O. Cependant, l’altération du métabolisme de la vitamine B12 ne peut pas expliquer tous les processus physiopathologiques et reste encore mal comprise.
Par conséquent, il n’existe actuellement aucune recommandation biologique pour le diagnostic et le suivi des patients consommant du protoxyde d’azote. Il est donc nécessaire de réunir un groupe d’experts (à la fois chimiste clinique et cliniciens tels que neurologue et service d’urgence) afin de déterminer les paramètres biologiques appropriés pour le suivi et la surveillance des patients présentant des complications cliniques associées.
Objectifs du groupe de travail :
- Faire un état des lieux bibliographique de la physiopathologie du protoxyde d’azote pour identifier les biomarqueurs idéaux.
- Identifier un bilan biologique type pour le diagnostic qui puisse être réalisé dans les services d’urgences et de neurologie (+contraintes analytiques et rendu de résultats)
- Identifier un bilan biologique type pour le suivi et proposer des recommandations sur la prise en charge du patient en cas d’absence d’amélioration de ce bilan (+contraintes analytiques et rendu de résultats)
- Proposition de remboursement des marqueurs pour cette indication.
Le groupe de travail est pluridisciplinaire, il rassemble à la fois des biologistes membre de la société française de biologie clinique (SFBC), de la société française de toxicologie analytique (SFTA), de la société française des vitamines et bioéléments (SFVB), des urgentistes de la société française de médecine d’urgence (SFMU) et des neurologues de la fédération française de neurologie (FFN)