Retour sur le symposium scientifique 2025

Mai 30, 2025 | Congrès

Société Française de Biologie Clinique (SFBC) – Symposium -Scientifique 2025 : Repenser les pratiques grâce à la technologie et à la collaboration.

Le Symposium Scientifique 2025 de la SFBC, qui s’est tenu le 14 mars 2025 à Lyon, a donné l’occasion à des experts d’échanger sur l’avenir de la biologie clinique par le biais de la collaboration et de la maîtrise des avancées technologiques. Des sujets clés tels que les technologies « omics », la rationalisation des prescriptions et des ressources médicales, l’automatisation et l’IA ont été abordés tout en soulignant leur impact sur les pratiques de laboratoire et les soins aux patients.

Le symposium a été inauguré par le Pr Katell Peoc’h, présidente de la SFBC, qui a réaffirmé l’engagement de la SFBC en faveur de l’innovation, de la formation et de la coopération internationale dans le domaine de la biologie clinique. Elle a souligné l’importance de s’adapter aux nouvelles technologies tout en préservant les valeurs fondamentales de la biologie clinique. Ce thème a été repris dans le discours principal du Professeur Mario Plebani, président de l’European Federation for Laboratory Medicine (EFLM), qui a présenté une communication sur « la médecine de laboratoire basée sur la valeur ». Il a souligné que les performances analytiques ne devaient pas être évaluées de manière isolée mais liées aux résultats cliniques, en veillant à ce que les données de laboratoire bénéficient directement à la prise en charge des patients.

1ère session : L’ère des « Omics » – La transformation du diagnostic

La première session du symposium s’est intéressée à l’impact des technologies « omics » sur le diagnostic médical. Le Dr P.J. Lamy (Imagenome, Inovie, Montpellier) a illustré la façon dont la génomique a révolutionné l’oncologie. En effet, la classification des cancers, initialement basée sur une description anatomopathologique, s’appuie désormais largement sur une classification moléculaire. Cela est rendu possible par la généralisation du séquençage de nouvelle génération (NGS). Les tumeurs peuvent désormais être analysées avec un niveau de précision sans précédent, offrant l’opportunité de développer des thérapies très ciblées. Cependant, alors que plus de 50 % des patients peuvent présenter des altérations génomiques traitables, le coût et l’accessibilité du séquençage restent des obstacles majeurs à sa mise en place routinière.

La discussion s’est ensuite orientée vers la protéomique. Le Pr S. Lehmann (CHU Montpellier) a souligné le rôle de la spectrométrie de masse (SM) et des techniques d’immuno-analyse dans la recherche clinique. Le développement de techniques de détection ultra-sensibles a amélioré notre capacité à identifier des biomarqueurs avec une plus grande précision. Parallèlement, le Dr A. Le Gouellec (UGA, CHUGA) et le Dr M. Lenski (CHU de Lille) ont présenté le concept de métabolomique, une approche qui améliore la détection précoce des maladies et ouvre également la voie vers une médecine personnalisée. Bien que prometteur, la normalisation et l’interprétation des données restent des défis importants dans la mise en œuvre de la métabolomique au niveau de la biologie clinique.

2e session : Rationaliser les prescriptions médicales et l’allocation des ressources

La conversation s’est ensuite orientée vers la prescription responsable de tests et la gestion efficace des ressources. Le Dr L. Mouly (CH Villefranche-sur-Saône) a souligné que les tests de laboratoire influencent 70 % des décisions médicales, mais que jusqu’à 30 % des tests peuvent être inutiles. La réduction de la « sur-prescription » pourrait contribuer à améliorer la précision du diagnostic, à minimiser l’inconfort du patient et à optimiser les dépenses de santé. Un exemple concret de la rationalisation des tests de la fonction thyroïdienne a été présenté par le Dr C. Lauro (CHU Bordeaux). Elle a présenté l’intégration du « Computerized Physician Order Entry » (CPOE) et des prescriptions basées sur des algorithmes, en veillant à ce que les tests de TSH suivent des recommandations cliniques standardisées. Cette approche permet non seulement de réduire le nombre de tests redondants, mais aussi d’améliorer la précision des diagnostics de troubles thyroïdiens.

Le professeur A.M. Simundic (Greiner) a conclu cette session en abordant un problème souvent négligé : l’anémie nosocomiale causée par des prélèvements sanguins excessifs. Des solutions telles que des techniques de prélèvement sanguin à faible volume et des cadres réglementaires conformes à la norme ISO 15189 : 2022 ont été proposées pour atténuer ce risque évitable. Cette session a également donné lieu à une table ronde sur l’automatisation et les défis en matière de main-d’œuvre en médecine de laboratoire, animée par le Pr K. Peoc’h, le Dr E. Lebredonchel (AP-HP Bichat), le Pr V. Sapin (CHU Clermont-Ferrand), et M. Meneghini Nogueira (Siemens). La discussion a porté sur la pénurie croissante de professionnels médicaux et sur la façon dont l’automatisation peut améliorer l’efficacité sans compromettre l’expertise clinique. Alors que les avancées technologiques rationalisent les tâches répétitives, les modérateurs ont souligné l’importance de maintenir un lien solide entre les professionnels de laboratoire et les cliniciens. Des stratégies visant à attirer de jeunes professionnels dans ces domaines ont été explorées, comme l’amélioration de la formation à ces techniques et l’assurance d’un mentorat pour les nouvelles générations de biologistes.

3e session : L’automatisation, l’IA et l’avenir de la médecine de laboratoire

Avec la numérisation croissante des soins de santé, l’intelligence artificielle (IA) s’impose comme un outil clé dans les diagnostics de laboratoire. Les professeurs G. Assié, B. Macq (UCL Louvain) et D. Pellegrin (Roche) ont exploré les algorithmes d’aide à la décision pilotés par l’IA. De tels modèles ont le potentiel d’améliorer les stratégies de dépistage, par exemple pour le cancer, en aidant à identifier les patients à haut risque qui pourraient autrement ne pas être détectés. Cependant, l’intégration de l’IA dans les flux de travail des laboratoires s’accompagne de défis. Les préoccupations concernant la confidentialité des données, les considérations éthiques et l’interprétabilité des résultats générés par l’IA restent des obstacles importants. La session s’est terminée par une discussion sur la nécessité de s’assurer que l’IA reste un outil pour soutenir les cliniciens plutôt que de les remplacer, en soulignant la nécessité de cadres réglementaires clairs et d’une validation clinique des modèles d’IA.

4e session : Le rôle de la biologie délocalisée (Point Of Care Tests POCT) dans les soins ambulatoires

Alors que les systèmes de santé sont soumis à une pression croissante, les tests de biologie délocalisée (POCT) gagnent en popularité comme moyen d’améliorer l’accès aux diagnostics en dehors du cadre hospitalier. Le professeur P. Frappé (CMG, Saint-Etienne), le docteur M. Vaubourdolle (AP-HP Saint-Antoine) et le docteur M. Rossier (ICH, Sion) ont examiné les avantages et les limites du POCT dans les soins primaires. Bien que le POCT offre des résultats diagnostiques plus rapides et une plus grande commodité pour les patients, ses coûts plus élevés, la variabilité de la fiabilité des tests et la nécessité d’une formation spécialisée restent des obstacles à une plus large mise en place.

Le symposium s’est achevé sur les réflexions des Professeurs Peoc’h et Sapin, qui ont souligné la richesse des discussions et la forte participation des biologistes médicaux. Ils ont réaffirmé l’engagement de la SFBC à faire progresser la médecine de laboratoire clinique en combinant collaboration, innovation et éducation. L’événement a également ouvert la voie à de futures initiatives, notamment des webinaires et des symposiums conjoints avec des partenaires internationaux.

Inauguration du symposium 2025 de la SFBC par le Pr K. Peoc’h (président de la SFBC, AP-HP Bichat): Repenser les pratiques grâce aux technologies et à la collaboration.

Présentation du Pr. Mario Plebani, président de l’EFLM, sur la médecine de laboratoire basée sur la valeur.

Table ronde sur l’automatisation et les défis de la main-d’œuvre en médecine de laboratoire modéré par : Pr K. Peoc’h (Président de la SFBC, AP-HP Bichat), Dr. E. Lebredonchel (AP-HP Bichat), Prof. V. Sapin (CHU Clermont-Ferrand, Président du FIFBCML), et M. Meneghini Nogueira (Siemens).

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